Mémoire des enfants victimes du nazisme : une insoutenable identité nationale !

vendredi 15 février 2008
par  mrap40
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Plaque déposée sur le mur de l’école du Pouy :
Ni enfants français, ni enfants étrangers.. enfants ! seulement enfants ! assassinés par les nazis et leurs collaborateurs.


COMMUNIQUE DE LA FEDERATION DES LANDES DU MRAP :

Mémoire des enfants victimes du nazisme : une insoutenable identité nationale !

Lors du dîner du CRIF le président de la République a annoncé que chaque élève de CM2 se verra confier le souvenir d’un enfant français victime de la shoah.

L’intention pourrait être louable, mais on peut cependant s’interroger sur l’opportunité de la démarche proposée.

Des jeunes de dix ans auront-ils les pré-requis leur permettant de comprendre que l’assassinat d’un enfant dans les chambres à gaz s’inscrit dans un système industriel de la mort planifiée. Rien n’est moins sûr !

L’enseignement du génocide ne peut se concevoir sans un travail pédagogique permettant de comprendre ce que fut la barbarie nazie.

Cette proposition qui individualise la mémoire et le deuil risque d’engendrer des troubles psychologiques chez des enfants qui ne peuvent maîtriser la dimension politique de l’horreur nazie.

Après la lecture de la lettre du Guy Moquet dans les écoles ou les vestiaires de Rugby, cette nouvelle mesure procède plus d’une odieuse instrumentalisation de l’histoire que d’une démarche concertée intégrant dans une réflexion collective, les différents partenaires de la communauté scolaire.

Mais l’irritation que procure la recherche permanente de l’effet médiatique, fût-ce au prix de l’instrumentalisation de la mémoire, se double dans le cas présent d’une véritable indignation.

11 000 noms d’enfants juifs sont inscris sur le mémorial de la Shoah, d’autres enfants non-juifs, tziganes principalement, les ont accompagnés dans l’horreur. Françaises ou étrangères, ces victimes ont vécu une extermination commune et les enfants de la ferme du Pouy (*) n’ont pas présenté leurs cartes d’identité à l’entrée de la chambre à gaz !.

Comment un président de la République Française, peut-il soumettre notre mémoire au tri sélectif des victimes selon leur identité nationale.

Comment expliquer à des écoliers, que parmi les enfants terrorisés que l’on regroupait sur le même pallier d’un immeuble pour les envoyer vers la mort, il leur faudra se souvenir des seules victimes françaises.

Comment accepter cette préférence nationale présidentielle jusque dans le souvenir de l’indicible douleur de ces petits assassinés.

Ce qui pourrait n’apparaître que comme un nouvel effet médiatique, devient donc, par ce tri des jeunes victimes, un crime contre une mémoire universelle.

(*) Les enfants de la ferme du Pouy à Mont de Marsan, furent déportés vers Auschwitz sur dénonciation, une plaque en leur mémoire est déposée sur le mur de l’école actuelle du Pouy.


voir la vidéo de l’intervention de Nicolas Sarkozy au repas du CRIF


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